A Izieu, des habitants solidaires de la colonie des enfants juifs

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La première commémoration de la rafle, le 7 avril 1946.

« Ici, vous serez tranquilles », avait promis le sous-préfet de Belley à Sabine Zlatin. Un ouvrage revient sur la bienveillance de la population durant l’année d’existence de la colonie des enfants juifs.

Depuis Brégnier-Cordon, la D 190 grimpe à travers les vignes jusqu’au petit village d’Izieu. Le point de vue sur les montagnes de l’Isère et de la Savoie, depuis le hameau de Lélinaz, est d’une beauté à couper le souffle, avec le canal de dérivation du Rhône en contre-bas. C’est pourtant ce lieu à l’écart de tout qui fut le théâtre le 6 avril 1944 d’une des pires abominations de l’Occupation : la rafle de quarante-quatre enfants juifs âgé de 4 à 17 ans et de leurs sept éducateurs. Sous les ordres de Klaus Barbie, la Gestapo de Lyon fait irruption au petit matin dans la villa « Anne-Marie » où ils étaient cachés par Sabine Zlatin et son mari. Ils sont emmenés à Montluc avant leur transfert à Drancy

L’année suivante, en août 1945, Eusèbe Perticoz, un voisin de la colonie, témoigne : « Les enfants furent jetés sur les camions comme des colis et Monsieur Zlatin reçut des coups de crosse. Les pauvres petits, en partant, malgré tout chantèrent Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ».

Ils furent assassinés dès leur arrivée au camp d’extermination d’Auschwitz.

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Des lycéens témoignent à Izieu, trois quarts de siècle plus tard.

La dénonciation, « une légende tenace »

Le 7 avril 1946, trois cents personnes sont rassemblées devant la colonie pour commémorer la rafle des enfants et de leurs éducateurs : élus locaux, personnalités religieuses et politiques et un régiment de spahis sont présents en même temps que les habitats des environs, venus en grand nombre. Pourtant, « au fil du temps une certaine distance s’est ensuite créée entre la population et ce qui est devenu en 1984 le Musée-mémorial d’Izieu », remarque Dominique Vidaud, son directeur.

D’où l’intérêt de l’ouvrage qui vient d’être publié avec l’aide de la Compagnie nationale du Rhône. Il rappelle et vient consolider les liens entre le mémorial et la population en proposant une abondante documentation sur Izieu et sa région tout au long du XXe siècle.

Il tort aussi le cou à « une légende tenace » qui veut que les enfants aient été dénoncés : rien ne vient l’étayer, insiste Dom leinique Vidaud. Surtout, il rappelle combien la « colonie des enfants réfugiés de l’Hérault » bénéficia de la protection du représentant de l’État en Bugey durant son année d’existence, et de la complicité de la population locale. Une population bienveillante qui n’hésitait pas à fournir des vivres à la colonie…

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« Ici, vous serez tranquilles ».
Edition Maison d’Izieu. 9 €.